UNE RÉPUBLIQUE UPSIDE DOWN, FAUTE DE BOUSSOLE MORALE:
Tel est le résultat d'un "inconscient collectif" fabriqué par quarante ans d'un biyaïsme profondément anti-republicain et anticitoyen.
Le degré de perversion de l'inconscient collectif que la pègre qui nous tient lieu d'élite a fabriquée dans ce pays en quarante de règne sans partage, il nous faudra au minimum 100 ans pour la déconstruire.
Ce n'est qu'au terme de ce travail de déconstruction du culte de la tribu au détriment de la République, du culte de la méconnaissance réelle ou simulée de l'autre, de l'exaspération des idées reçues à son sujet, de la peur que cette méconnaissance et ces idées reçues génèrent, et des spasmes de violences interethniques qui en découlent, que nous pourrons envisager un véritable Projet national en tant que Peuple.
Le dernier théâtre d'expression de cet état de chose est le climat de suspicion, de haine et de déviance tribale qui s'empare peu à peu d'une affaire, tenez-vous bien, d'assassinat froid d'un compatriote.
Des gens sensés normalement constitués, sensés détenir le bagage intellectuel suffisant pour être répertoriés comme des porteurs de lanterne, des éclaireurs de la doxa, des leaders d'opinion, nous disent fièrement aujourd'hui, la tête haute et le torse bombé, en l'an 2023, soit soixante trois ans (63!) après l'indépendance, que la républiquette tribale imaginaire, le carcan ethnique, les appétits pécuniaires, ONT et DOIVENT avoir une préséance sur la recherche de la Vérité et la Justice.
Tuant une fois de trop, l'intouchabilité, la sacralité de la notion de "Personnalité Nationale" telle qu'inscrite dans le Préambule de notre CONSTITUTION, cet ambitieux cap à la fois optimiste et progressiste prescrit par nos pères fondateurs.
Lorsqu'on pense que les concepteurs de ces Piliers du jeune État du Cameroun n'étaient que des "illettrés" au sens où l'entend l'intellectuel pacotille d'aujourd'hui.
Lorsqu'on pense que ces dignes nationalistes n'avaient même pas le millionnième des opportunités d'accumulation des savoirs et des connaissances en sciences politiques qui s'offrent au contemporain Camerounais.
Lorsqu'on pense qu'en leurs temps ils n'avaient n'avaient ni Google ni Facebook, ni tweeter ni WhatsApp pour bénéficier de l'avalanche des données comparatives auxquelles la jeunesse Camerounaise a droit aujourd'hui.
Mais qu'en dépit de cet enclos qu'était leur cadre spacio temporelle de l'époque, ils avaient eu l'audace de rêver grand pour le Cameroun d'alors et de se prescrire à eux-mêmes et à la postérité le PRINCIPE DE L'ÉRECTION D'UNE CITOYENNETÉ RÉPUBLICAINE adossée sur le Citoyen idéal débarrassé de ses démons de replis identitaires qu'ils appelèrent alors "personnalité nationale"...
Quand on a considéré cela et que l'on revient aujourd'hui, 63 ans plus tard, faire le lamentable constat de ce que nous d'ici et de maintenant donnons à voir de nous: Nous, tels de petits animaux sauvages, en divagation à l'interieur et dans le monde, donnant à voir à souhait, nos incapacités notoires, inaptes que nous sommes à nous projeter dans le temps et l'espace.
Nous dont l'actualité, lorsqu'elle ne traite pas de l'argent des lignes bizarroïdes dites 94 et tantanpion, qu'il faille donner au frère du village (en parfaite violation de toutes les règles en la matière sans que celà n'emeuve outre mesure) pour qu'il concurrence "l'étranger envahisseur" (quel projet noble!) on est dans la guerre de la paternité du koki, ou du diktat des rules immuables de comment il faudrait manger le taro sauce jaune...
Nous, dont le débat sur la sempiternelle crise d'urbanisme et d'exode rural ne peut se tenir 5 minutes durant, sans glisser inexorablement vers des crédos villageois du genre "rentrez chez vous. C'est vous qui salissez nos villages, etc."
Un pays dans lequel un simple fait divers de violence conjugale, de crime passionnel, de grand banditisme... ne peut s'analyser de façon Républicaine sans basculer dans les analyses et commentaires à connotation éminemment tribales...
Un pays dans lequel, confrontés à une guerrilla qui dure depuis plus de 7 ans ( conf. NoSo), et dont on déplore déjà pas moins de dix mille morts, des gens réussissent à y voir non pas l'echec d'un système politique, non pas la rupture de la courroie verticale de prise de décisions concertées entre gouvernants - gouvernés, non pas l'échec d'un régime politique donné, mais davantage une affaire d'une ethnie x qui tirerait les ficelles pour nuire à une ethnie y...
Tel est le pitoyable paysage sociopolitique du Cameroun sous ce règne.
On aurait pu croire que l'horreur déployée par les bourreaux dans l'assassinat abjecte de Martinez Zogo, était suffisamment glauque pour imposer à la conscience collectif de notre pays de s'imposer une certaine pudeur, une certaine rigueur éthique, le temps d'une mobilisation des énergies pour exiger l'arrestation et la punition des assassins et commenditaires de ce crime crapuleux, qui qu'ils soient, d'où qu'ils viennent. Afin d'envoyer un message fort à ceux qui veulent s'octroyer le droit de vie et de mort sur le peuple d'en bas.
Seulement, au vu des sorties nauséabondes de certains "influenceurs" et "intellectuels" dont je n'ose pas citer les noms, je comprends aujourd'hui que j'avais largement sous-estimé notre propension à la gadoue, au sang, au morbide, pourvu que cela nous donne du grain à moudre dans nos sempiternelles envolées tribalistiques à des fins manipulatoires.
Autrement,
Je voudrais que l'on m'explique par quelles gymnastiques superfétatoires en est-on arrivés à s'approprier l'affaire Martinez sur les réseaux sociaux, non plus pour mobiliser l'opinion et revendiquer les têtes des coupables, mais désormais pour tirer des ficelles avec des partis pris à peine voilés, clamant l'innocence à priori d'un tel parcequ'il serait le premier riche du village, soupçonnant et traitant par ricochet un tel autre de coupable et/ou de fou parcequ'il serait ou ne serait pas notre frère. Brandissant menaces et avertissements sur les velléités de mise en examen ou d'audition d'un tel autre parcequ'il serait notre ministre à nous...
Tout le monde où presque semble aujourd'hui relativiser la dangerosité que revêtrait l'erreur judiciaire sur une telle affaire qui pourrait avoir pour conséquence directe: la mise en liberté ou la condamnation de faux coupables, le risque permanent encouru par la société (c'est-à-dire chacun de nous) d'avoir un tueur en liberté, un tueur qui est capable, tenez vous bien, de s'offrir les services de notre redoutée DGRE...
J'ai pris un peu du recul, le temps d'une observation du niveau disais-je, d'inconscience que nous déployons dans cette affaire qui met en péril la sécurité même de l'État, et par ricochet, de nous tous, indépendamment de nos ethnies, pour mesurer jusqu'à quel point nous sommes à des années lumières de l'érection de cette "Personnalité Nationale", socle de la citoyenneté forte, qui seule peut être armée idéologiquement pour structurer notre bouclier existentiel et accoucher d'une Nation forte et capable de contrer les vagues successives d'invasions post-coloniales du vrai étranger, du vrai envahisseur.
Car un Peuple qui n'a pas conscience d'en être un est à la merci de toutes sortes d'appétits extérieurs, et tout ce qu'il bâti, il le bâti en vain.
Une foule qui ne sait faire foule devant rien du tout est un conglomérat de broussards villageois incapables d'ambitionner ni sur le moyen, encore moins sur le long terme. Aussi simple que ça.
Or avoir des ambitions Républicaines consiste en la capacité d'une génération donnée à faire un rêve plus grand que sa contemporanité, à poser les jalons de l'implémentation dudit rêve, sachant parfaitement qu'on n'en verra pas forcément le parachèvement.
À l'image du vieillard de 75 ans qui plante un kolatier dont il n'a aucune chance d'en goûter le fruit, un Peuple, un vrai Peuple j'entends, c'est celui-là qui mû par ses éclaireurs avisés, s'accorde à un moment de son histoire sur sa propre échelle de valeurs, son éthique sociétale. Les choses qui pour lui relèvent du sacré, fixe la ligne de démarcation entre le permis et l'interdit. Entre le bien et le mal.
Or il est mal de haïr, d'exclure gratuitement comme il est mal de tuer son prochain.
Il est mal de déconstruire la Res-Publica sur l'hôtel des intérêts mafieux, des considérations bassement tribales et/ou individualistes. Car même nos républiquette claniques n'ont aucune chance de survie en marge d'un ETAT FORT qui seul peut protéger et défendre ses enfants.
Lorsque l'ETAT sensé être impersonnel et impartial, lorsque l'Etat qui est sensé durer se laisse lui-même prendre au piège de ces émotions villageoises aux intérêts ondoyants et divers, aux désidératas mouvants et changeants selon qu'on a le privilège d'être voisins des détenteurs frauduleux du Trésor Public ou que l'on estime en avoir été éloigné pendant trop longtemps, c'est le commencement du déclin.
Ces états d'âmes essentiellement émotifs et conjoncturels sont le poison, le cancer du projet de constitution de l'ETAT.
Seul un Peuple fort et conscient de ses intérêts peut donner du bon carburant à l'ETAT via ses vrais leaders pour qu'il le défende en tout temps et en tous lieux. Sans exiger en retour qu'une partie du peuple lui lèche les bottes ou pire, défende ses causes indéfendables, parceque minables.
L'assassinat crapuleux de Martinez Zogo fait partie de ces causes autour desquelles il est attendu d'un vrai Peuple qu'il fasse front. Qu'il fasse l'unanimité pour faire plier et reculer le mal. Le crime.
Il en fut de même pour la guerre du NoSo, dont l'horreur aurait dû obliger la République et tous ses présumés leaders et portes paroles à imposer un temps d'arrêt aux dirigeants actuels. Le temps de régler ce grave différend qui nous coûte déjà plus dix mille morts. Morts dont aurait pu faire l'économie. Nous avions en son temps banalisé. Déviant le débat vers des considérations de personnes.
Hier également, dans la crise du NoSo, l'on a vu les bien pensants nous expliquer, tête haute et torse bombé que les élections municipales et législatives étaient des priorités très urgentes et incontournables et que la guerre pouvait attendre.
Pendant que nous battions campagne pour devenir qui député qui maire, à quelques encablures de nos urnes, crepitaient les balles. Ces balles crépitent toujours aujourd'hui.
Ces balles siffleront encore et encore, tant que le souverain démissionnera de sa mission citoyenne, à savoir imposer son tempo à ses représentants prétendument élus.
Aujourd'hui,
Avec le meurtre avec préméditation de Martinez Zogo, meurtre impliquant des agents des services d'Intelligence, de Souveraineté et de Sécurité du Cameroun, même là, puisque le temps bégaie, les partis pris etho-tribaux et les intérêts pécuniaires, telle une pieuvre maléfique, risquent encore d'avoir raison de la Vérité, de la Justice, de la Vie tout simplement.
Ce coup de gueule est le reflet du niveau de désillusion et de nausée qui est le mien aujourd'hui.
De voir cet énième basculement à la fois villageois et immoral de la doxa, manipulée qu'elle est, vers des considérations complètement à côté de ce qui est en jeu:
1- L'assassinat d'un CITOYEN,
2- L'implication de l'instance dirigeante de la DGRE,
3- La toile de fond de guerres de conquête du pouvoir y relatifs avec les différents réseaux qui s'affrontent
4- Le degré de condescendance, de mépris et d'exclusion du peuple qu'affichent ces acteurs médiocres en tout points de vue (eu égard au degré de décrépitude de ce pays) mais qui ne veulent pas lâcher l'os.
Ces acteurs médiocres et antipatriotes de surcroît, qui ambitionnent de prendre également en otage le destin de nos progénitures après avoir foutu nos rêves en l'air.
De voir, disais-je, cette énième déviance anti-republicaine avec la complicité du "peuple" ou de ce qu'il en tient lieu, donne des raisons de désespérer en le corps social Camerounais.
En tout état de cause, ma part de vérité dans cette affaire se résume en ceci:
1- Un Citoyen a été tué, ses assassins et complices doivent être tous interpellés, jugés et sévèrement condamnés. Quelles que soient leurs tribus d'origine et leurs statuts en société si tant il est vrai que nous sommes en République et que nul n'est au dessus de la Loi.
2- Ce qui se passe au NoSo est une guerre en bonne et due forme. Aux conséquences désastreuses sur notre devenir même après Biya. Peu importe les tribus des ambazonniens déjà tués ou à tuer, peu importe les tribus des soldats déjà tués ou à tuer, il reste une constante:
C'est que ce massacre se déroule en territoire Camerounais et donc, ça nous concerne et nous interpelle. Que l'on aime les ambazonniens ou pas. Que l'on aime notre armée reguliere ou pas. Les conséquences nos affecteront.
Par conséquent, dans un pays normal, en l'absence des formatages tribalistiques successifs, l'échec répété des solutions gouvernementales à résoudre ce conflit, cet échec à lui seul, serait une raison suffisante pour entraîner une revendication trans-regionale soutenue jusqu'à l'obtention de la démission pure et simple de TOUS ceux là qui sont à l'origine du déclenchement de ce chaos.
En somme,
Pour revenir à l'idéal de départ, ce que je voudrais dire, c'est qu'il est désormais acté que quarante ans de Biyaïsme moutonnier ont eu raison de ce beau projet de nos pères fondateurs qu'ils theorisaient alors en termes de : "PERSONNALITÉ NATIONALE " vivant dans " UNE SEULE ET MÊME NATION" et "ENGAGÉS DANS LE MÊME DESTIN" avec la " VOLONTÉ INÉBRANLABLE DE CONSTRUIRE LA PATRIE CAMEROUNAISE SUR LA BASE DE L'IDÉAL DE FRATERNITÉ, DE JUSTICE ET DE PROGRÈS ". Confère le préambule de notre CONSTITUTION originelle de 1972.
Au fait, où en étais-je, avant que l'enfant ne pleure...
#JusticePourMartinez
#StopNoSoWarAndNegociateFederalism
#FreeAllPoliticalPrisoners
#YesForDemocraticTransition
Alice Sadio
Une citoyenne meurtrie.